Val de Gascogne s’engage pour retrouver un sol vivant
Depuis quatre ans, Val de Gascogne travaille avec un groupe d’adhérents sur l’agronomie des sols et teste la couverture permanente pour ne jamais les laisser nus.
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«Nous avons commencé à nous retrouver à quatre ou cinq en bout de champ pour discuter de la couverture permanente des sols, raconte Cédric Carpène, président de Val de Gascogne, à Lombez (Gers). Aujourd’hui, nous sommes 25 à 30 par regroupement. En 2019, 120 agriculteurs, sur nos cinq secteurs géographiques, s’y sont intéressés et ont été accompagnés individuellement. »
Au printemps, Un service couverts végétaux payant
« Cette volonté de transition crée une vraie dynamique au sein de notre coop, poursuit le président. C’est pourquoi nous lançons ce printemps un service “couverts végétaux” payant pour nos adhérents, qui s’appuie sur l’expérience de notre groupe pionnier. » En proposant ces nouvelles pratiques, Val de Gascogne s’adapte aux attentes sociétales pour des aliments plus sains, plus respectueux de l’environnement et mieux tracés. « De nombreux agriculteurs se rendent compte qu’ils arrivent à un palier de productivité dans leurs champs et qu’ils ne peuvent pas aller plus loin, complète Bruno Estanguet, conseiller agroenvironnement de la coop. Notre volonté est de remettre de la vie dans les sols et d’obtenir des plantes plus saines, avec l’impact le plus faible possible de la chimie sur l’environnement. Nous travaillons ainsi sur la couverture permanente des terres, grâce à des cultures et des couverts successifs. Cela permet de retrouver de la productivité, mais aussi des solutions de résistance naturelle des plantes aux maladies et aux agresseurs. »
Apporter une sécurité
Contrairement aux produits chimiques, qui ont une efficacité immédiate, les couverts ne donnent de résultats qu’à partir de deux à trois ans. Et il n’y a pas de recette. On ne sème pas à la même période, ni dans le même ordre que d’habitude. La seule règle est de ne jamais laisser un sol nu. Comme le dit Bruno Estanguet aux céréaliers : « Il faut savoir attendre. Lorsque vos voisins commencent à labourer et semer, prenez une chaise et asseyez-vous. » L’enjeu est que l’agriculteur soit acteur de cette évolution. « Cette nouvelle pratique doit se mettre en place prudemment. Nous proposons d’accompagner les producteurs pendant cette période de transition, afin de leur apporter une sécurité et qu’ils ne prennent pas de risque. Il faut les amener à réfléchir à ce qu’ils ont sous les pieds et à travailler avec un outil révolutionnaire, la bêche, pour regarder le sol. Celui-ci est comme une usine à faire tourner et à alimenter. »
Mais son fonctionnement reste mystérieux. Les mycorhizes et les bactéries qui travaillent en permanence sont encore méconnues, mais porteuses de bons espoirs. On constate qu’un sol vivant, nourri par une couverture permanente, où l’on retrouve des vers de terre et des racines, est une réponse au stress climatique. Les plantes souffrent moins en cas de pic de chaleur ou d’excès d’eau.
Une lente transition
Le passage à la couverture permanente ne doit pas se faire du jour au lendemain, pour ne pas affecter les résultats de l’exploitation, mais aussi pour habituer le sol à cette nouvelle façon de fonctionner. Cette transition peut durer six à sept ans, avec un travail du sol qui se réduit progressivement, sur 15 à 20 cm, puis sur 8 à 10 cm. On choisit des semences adaptées et une fertilisation starter sur la ligne de semis. Les couverts sont détruits mécaniquement ou avec un peu de glyphosate. On peut aussi envisager qu’un éleveur itinérant amène son troupeau brouter l’hiver ou que la masse végétale récoltée soit méthanisée. « Les couverts sont un moyen, mais on a encore besoin de la chimie pour rééquilibrer les sols, note Bruno Estanguet. Avec la technologie fine du diagnostic Be Api, on décèle les manques et les excès intraparcellaires et on apporte la bonne dose au bon endroit. L’agriculteur investit moins et gagne plus, car il n’y a plus de gâchis de produit. »
Florence Jacquemoud
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